« Tout cela me rappelle la période
que j’ai vécue à
l’armée, se remémore
Pierre Convert.
Je suis parti accomplir mon service
militaire dans le service de santé
des armées en octobre 1955
et après six mois passés
en France, j’ai rejoint l’Algérie
en mars 1956.
J’y suis resté vingt
et un mois.
À Tadjerra (Algérie),
j’étais infirmier sur
un piton rocheux en plein bled.
L’antenne médicale à
laquelle j’appartenais était
composée d’un médecin
– lieutenant appelé –
et de trois infirmiers.
Nous pratiquions l’AMG (assistance
médicale gratuite) auprès
de la population des douars (groupements
d’habitations) dans le bled.
Nous visitions ces villages deux fois
par semaine pour consulter les indigènes.
Les visites étaient très
strictes au point de vue du contact,
de l’approche des patients et
de la distribution des médicaments.
Elles se faisaient à bord d’une
ambulance aménagée pour
l’occasion.
Car en dehors de ces moments, ce véhicule
devait être prêt pour
toute autre intervention.
Ces visites étaient notre principale
activité mais nous assurions
également les patrouilles lors
des ouvertures de pistes pour le passage
des convois de ravitaillement du poste.
Nous acheminions également
le courrier et les repas. »
Une
épidémie de grippe asiatique
Mais au mois de juillet 1957, Pierre
et son régiment (une centaine
d’hommes) sont contaminés
par une épidémie de
grippe asiatique.
« Au départ, poursuit
Pierre Convert, pas moyen d’établir
l’origine de cette maladie.
Dans un premier temps, il a fallu
parer au plus pressé.
À ce moment-là et comble
de malchance, notre médecin
lieutenant était parti durant
trois jours pour un convoi de ravitaillement.
Avec l’épidémie,
il n’est jamais revenu au camp.
Étant le caporal-chef le plus
ancien, le capitaine me désigna
pour faire face à cette épidémie.
Durant un mois, et suivant la gravité
des malades, il a fallu confiner la
moitié du régiment.
Pour ce qui est des médicaments,
on nous les envoyait par les airs.
L’avion passait en rase-mottes
et larguait les colis.
Au contact du sol, toutes les boîtes
de produits étaient éventrées
et il fallait les récupérer
sur plus de 500 mètres.
Les activités ont pu reprendre
normalement après un confinement
strict et, fort heureusement, il n’y
a pas eu de décès pendant
que j’étais là-bas
».
R.M.. |